Labraunda

Site archéologique

L'organisation du site

Le site est implanté sur une pente abrupte aménagée en une série de terrasses sur lesquelles les bâtiments furent érigés. Il existe cinq terrasses, mais le sanctuaire originel (6e-5e s. av. J.-C.) n’en comptait qu’une, bordée au sud par un mur de soutènement en appareil polygonal (le mur ‘omega’, n° 2) situé à l’est du temple. Dans la partie occidentale de la première terrasse du temple, un petit temple distyle in antis fut construit vers 500 av. J.-C. (n° 1). Selon Hérodote (V, 119), le sanctuaire de Labraunda s’accompagnait au début du 5e s. d’un « un vaste bois sacré planté de platanes », dont quelques descendants subsistent encore autour du site. Quand le temple fut élargi au 4e s., sa terrasse est alors prolongée d’environ 10 m vers le sud (n° 3).

Plusieurs autres terrasses sont érigées (n° 4-5) et habillées de très nombreux bâtiments, relativement bien conservés aujourd’hui. Plusieurs de ces constructions peuvent être datées grâce aux inscriptions présentes sur leurs architraves, qui donnent le nom des commanditaires (Mausole et Idrieus) et celui de Zeus Labraundos auquel ces monuments étaient dédiés.

Plan générale du site de Labraunda en 2020 (O. Henry)

Les constructions de Mausole

Les premières constructions datant du 4e s. sont donc des murs de soutènement. L’un d’entre eux (n° 3) a été construit à 10 m au sud d’un mur plus ancien (n° 2) pour réaliser une terrasse suffisamment large afin d’accommoder le nouveau temple.

Deux autres murs ont été bâtis à quelque 10 et 30 m plus au sud (n° 4-5). Deux des bâtiments érigés par Mausole sont encore visibles sur le site. Il s’agit de l’andrôn B, salle de banquet autant que de réception royale (n° 6) pour l’élite carienne lors des repas sacrificiels. Le second est une grande stoa (n° 7), à l’est du temple, qui pouvait servir d’abri pour les pèlerins lors des sacrifices.

Plusieurs autres terrasses sont érigées (n° 4-5) et habillées de très nombreux bâtiments, relativement bien conservés aujourd’hui. Plusieurs de ces constructions peuvent être datées grâce aux inscriptions présentes sur leurs architraves, qui donnent le nom des commanditaires (Mausole et Idrieus) et celui de Zeus Labraundos auquel ces monuments étaient dédiés.

Façade de L'andron B

Les constructions d'Idrieus

Vue aérienne de l'andrôn A, depuis l'est (O. Henry, 2018)

Les édifices construits par Idrieus (351-344 av. J.-C.), frère cadet et héritier de Mausole, sont plus nombreux, à commencer par le temple de Zeus (n° 1). L’ancien temple fut élargi pour devenir périptère et doté d’un opisthodome. Derrière le temple, à l’ouest, Idrieus fit construire une seconde salle de banquet (andrôn A, n° 8) et un bâtiment de deux pièces derrière un large porche, désigné oikoi (n° 9), qui semble avoir joué le rôle de trésor du sanctuaire.

Sur la terrasse la plus basse, il fit bâtir une entrée monumentale en marbre (n° 10) agrémentée d’une petite fontaine en marbre (la fontaine dorique), tétrastyle in antis, à l’est (n° 11).

Les édifices à l’extérieur du Péribole

À l’extérieur du péribole, plusieurs grandes constructions sont associées au site. On mentionnera la tombe monumentale qui domine le temple au nord (n° 16), ainsi qu’une tour de guet dont les fondations sont encore clairement lisibles au sommet du ‘rocher fendu’ (n° 18).

Plus au nord le Hissar Kale, la colline qui domine le site, est ceint par une grande forteresse de onze tours (l’acropole fortifiée, hors plan) dont le coeur fut érigé vers le milieu du 4e s. av. J.-C. avant d’être élargi dans le courant du 3e s. av. J.-C.

Au sud-ouest, les Hékatomnides firent également construire un grand stade (hors plan, n° 32) aménagé pour les compétitions sportives organisées lors des fêtes sacrées.

Vue aérienne de la tour pentagonale (A. Frejman, 2016)

Les périodes héllénistiques et romaines

L'intérieur du bâtiment tétraconque, depuis le sud (J. Blid, 2009)

Aux périodes hellénistiques et romaines, le site connut une nouvelle phase de construction caractérisée par l’élaboration d’une architecture vernaculaire utilisant exclusivement le gneiss local. Parmi ces nombreuses réalisations on mentionnera une fontaine à colonnade dorique dans la terrasse centrale (n° 19), l’andrôn C (n° 20), la stoa ouest (n° 30), la fontaine hypostyle (n° 13), la stoa M (n° 21).

Cette activité architecturale se poursuivit à la période romaine avec la reconstruction de la stoa nord (n° 7), l’édification d’une large basilique au-dessus de la stoa M (n° 21), la création de trois ensembles balnéaires du 1er au 4e s. ap. J.-C. (respectivement les bains est n° 23, les bains sud n° 22 et le bâtiment tétraconque n° 25), concomitant à l’aménagement d’un imposant bassin de récupération des eaux (n° 24). On suppose que le culte rendu au Zeus de Labraunda s’éteignit au 4e s. ap. J.-C.

La christianisation de Labraunda

En tout état de cause, il semble que la christianisation du site ait commencé à la fin de ce siècle ou au début du suivant, puisque l’église est (n° 26), située entre les deux propylées aurait été érigée à cette époque. Les découvertes réalisées dans l’église indiquent qu’elle fut utilisée pendant environ 200 ans avant d’être remplacée par une seconde basilique (n° 27), située plus à l’ouest, l’église ouest.

Enfin, l’époque médiévale est marquée par une paupérisation du site accompagnée d’une réoccupation systématique des bâtiments transformés en ateliers de production et lieux d’habitation. À cette occasion un important cimetière se forme, autour de l’an 1000, au sud du bâtiment tétraconque (n° 25) et à l’ouest de l’église ouest (n° 27). Le site semble avoir été abandonné dans le courant du 13e s. de notre ère.

 

vue aérienne de l'église Est